Un peu feignant, je copie les critiques d'amazon....
Lorsqu’un Basque et un manouche se rencontrent, pour peu qu’on leur concède quelques heures de studio, et qu’ils aient pensé à apporter leurs guitares (ils y pensent toujours, c’est une seconde nature chez eux), ce peut être Noël à n’importe quel moment de l’année. Il convient de préciser que Sylvain Luc (virtuose bayonnais qui s’est frotté à la chanson de variété – Catherine Lara, Michel Jonasz – et conserve une indéfectible affection pour le chant basque et la guitare classique), et Biréli Lagrène (virtuose alsacien qui croisa jadis Stéphane Grappelli et Babik Reinhardt) sont les deux plus importants guitaristes du jazz européen actuel, et puis voilà. Et que seuls les sots verront un hasard dans le fait que les deux aient joué avec l’accordéoniste Richard Galliano.
Chaque instrumentiste trace sa route (plutôt électrique pour le gitan, franchement encordée au côté du violoniste Didier Lockwood pour l’homme du Sud-Ouest), mais leurs rencontres (également en concert) s’avèrent toujours prolifiques. En 2000, l’album Duet avait recueilli des lauriers de charme et d’invention. Neuf années plus tard, les guitaristes avaient de nouveau des choses à se dire, et ont tout d’abord feuilleté les bonnes feuilles de leurs bibliothèques respectives.
Deux thèmes de Chick Corea (dont le « Spain » qui fit les très riches heures du groupe Return To Forever), une délicatesse du maître de la bossa nova Antonio Carlos Jobim (« Wave »), quelques mignardises éternelles (« Summertime » de Gershwin), et l’un des thèmes de jazz les plus célèbres et célébrés au monde (« So What », composé par Miles Davis), ont donc été retenus. Sans oublier quelques partitions empruntées à Broadway (« Someday My Prince Will Come »), ou à des univers périphériques (« On the Fourth of July », chipé au répertoire du chanteur James Taylor). Ensuite, il a suffi de fermer les yeux.
Il s’agit manifestement d’un rendez-vous de plaisir et d’amitié, et, sans affèteries, le plaisir de jouer ensemble, et seuls autour d’un micro, est évident. L’un taquine l’autre d’un solo incisif (à moins que ce ne soit le contraire), improvise une ligne mélodique en contrepoint, et la paire se retrouve dans des harmonies charnues et sensuelles. Summertime, et ce n’est pas là sa moindre qualité, n’est plus alors un disque de guitares, ni même de jazz, mais un album de rencontres, et d’échanges. Lorsque la virtuosité et la haute technicité s’effacent au profit de la sensibilité et de l’émotion, on appelle cela du talent.